Le musée d'Ankara abrite peu d'oeuvres concernant la civilisation
grecque, mais au vu de la richesse de ses autres collections nous
ne pouvons l'ignorer. Le musée occupe deux bâtiments datant de
l'époque ottomane (XVème siècle), un ancien bazar pour l'un et un
ancien caravansérail pour l'autre.
La période
néolithique (pierre polie): VIIème au Vème millénaire av JC
Au néolithique, les hommes deviennent agriculteurs et se
sédentarisent. Au début de cette période, l'homme ne fabrique pas
encore de récipients en terre cuite (période acéramique), il
utilise des corbeilles et des récipients de bois ou de pierre. Le
centre néolithique le plus évolué est Çatalhöyük à 52 km au
sud-est de Konia.
Ci-dessous : reconstitution d'un sanctuaire néolithique du site de
Çatalhöyük (6800 ans à 5700 ans avant notre ère) : petite pièce
carrée bâtie sur le modèle des maisons de l'époque. Les murs
étaient ornés de têtes de taureaux, symboles de force et de
virilité, et d'étonnantes peintures (voir page suivante).
Çatalhöyük est l'une des premières villes du monde, elle n'avait
pas de rues (sans doute par souci de sécurité), les maisons
étaient accolées les unes aux autres, groupées autour d'une cour
centrale, on circulait par les toits en terrasse. Chaque maison se
composait d'une vaste pièce, d'une cuisine et d'un dépôt. La pièce
principale était entourée d'une banquette, possédait un foyer et
des fours. Les murs n'avaient ni fenêtre ni porte, la lumière
entrait par une ouverture au plafond desservie par une échelle.
Les morts étaient enterrés dans leur maison (Auparavant les corps étaient exposés à l'extérieur des murs pour
que les vautours décharnent les dépouilles.): les enfants sous le
plancher, les adultes sous les banquettes. Des offrandes
funéraires étaient déposées près des morts.
Sanctuaire du site de Çatalhöyük : peintures murales datant du
VIIème millénaire av JC, découvertes dans les flancs d'un tumulus
de la plaine du sud de Konya. Ces fresques représentent des scènes
de chasse, des taureaux, des cerfs, des sangliers, des ours, des
figures humaines, des chasseurs, des mains, des déesses... Elles
étaient liées à des rites funéraires, chaque année, après les
cérémonies, elles étaient recouvertes de plâtre (à un endroit on a
retrouvé 12 peintures différentes intercalées entre 100 couches de
plâtre).
Une des peintures représente l'éruption d'un volcan en arrière
plan de la cité.
Site de Çatalhöyük: les représentations de déesses-mères
indiquent la présence d'un culte de la fécondité. Certains ont
émis l'hypothèse que ces déesses seraient une matérialisation du
double empire de la vie et de la mort, la mère serait
dispensatrice de vie et de mort (la mort serait une naissance à
rebours).
Déesse-mère en train d'accoucher sur un trône entre deux léopards,
animaux sacrés
(Çatalhöyük : terre cuite de 20cm, 5750 av JC); Statuette (4,1cm)
de déesse assise (Çatalhöyük, 6ème millénaire av JC); Statuettes
de déesses jumelles (Çatalhöyük : marbre, 17,2cm).
Statuette de déesse (Hacilar : terre
cuite, 24cm, 6ème millénaire); Statuette de déesse (Çatalhöyük :
pierre noire, 15,5cm, 6ème millénaire)
Entre 6500 et 5000, la poterie fait son apparition à Hacilar, les
terres cuites et polies sont destinées au culte.
Les habitants de Hacilar enterraient leurs morts hors de la ville
contrairement à ceux de Çatalhöyük.
Récipient en forme de cerf (13.6cm), Hacilar, 6ème millénaire;
Récipient en forme de tête de femme (13.1cm), Hacilar 6ème
millénaire
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La période
chalcolithique : l'âge du cuivre, 5000 à 3000 av JC.
Cette période a été nommée ainsi (chalcolithique) car l'on
commence à utiliser le cuivre en plus de la pierre. La culture la
plus évoluée du chalcolithique ancien est celle de Hacilar. Les
maisons de cette localité sont de plan carré ou rectangulaire,
elles ont des fondations de pierre, des murs en pisé et un toit
plat. On pénètre dans les maisons qui se jouxtent par une porte
ouvrant sur une vaste cour. Chaque maison possède un lieu de
dévotion, un puits et un atelier de poterie.
Poteries peintes de Hacilar et de Canhasan.
A cette période, l'ensevelissement des morts varie selon les
régions de l'Anatolie : enterrement dans les villes ou hors des
villes, soit dans des jarres, soit dans des sépultures de pierre
en forme de coffre. Pour les offrandes aux morts, on met des
poteries, des bijoux ou des armes
Récipient peint à anse (11.8 cm),
Hacilar: deuxième moitié du 6ème millénaire; Hacilar (11.2 cm) ;
Coupe (8.8 cm) Hacilar; Jarre peinte (51 cm), Canhasan, 1ère
moitié du Vème millénaire.
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L'âge du
bronze ancien: fin du IVème millénaire, début du IIIème
millénaire: Hattis, Hitits
La découverte du bronze est une grande révolution technique; en
même temps, les premières cités-Etats voient le jour, véritables
centres urbains dotés d'un palais, d'habitations et de corps de
métiers. Alacahöyük est la capitale du petit royaume des Hattis,
peuple dont on ignore l'origine. Les villes sont toutes entourées
de fortifications, les maisons sont serrées les unes contre les
autres et ressemblent à celles de l'âge du cuivre. Le commerce et
la métallurgie se développent.
Les objets déposés dans les tombes comme offrandes funéraires
témoignent du niveau remarquable atteint dans le domaine de l'art
des métaux. Les Anatoliens réussissent à allier le cuivre et
l'étain pour obtenir le bronze et fabriquer des armes, des
récipients, des bijoux ou autres objets décoratifs. Ils utilisent
également le cuivre seul, l'or, l'argent et l'électrum (alliage
d'or et d'argent). Les métaux sont coulés, moulés ou battus.
Le cerf et le taureau représentent des divinités, ces figurines
devaient être utilisées lors des cérémonies, maintenues sur un
support.
Statue de taureau (bronze, Alacahöyük 37cm 2ème moitié du IIIème
millénaire av JC);
Statue de cerf (bronze, Alacahöyük, 52.5 cm, 2ème moitié du IIIème
millénaire av JC).
Les disques solaires ornés de taureaux et de cerfs aux bois géants
figurent sans doute l'univers, on devait les porter lors des
cérémonies religieuses et ils étaient déposés comme offrande dans
les tombes.
Les riches sépultures découvertes à Alacahöyük sont des cellules
rectangulaires aux murs de pierre. Le mort était placé en position
foetale (les genoux ramenés sous le menton) avec les offrandes au
milieu de la tombe, elle-même recouverte de planches de bois puis
de terre pour former un toit plat. Les têtes et pattes des
taureaux sacrifiés étaient déposées sur le tombeau.
Symbole rituel solaire (bronze, Alacahöyük, 24 cm, 2ème moitié du
IIIème millénaire av JC);
Symbole rituel solaire (bronze, Alacahöyük, 23 cm, 2ème moitié du
IIIème millénaire av JC).
Les statuettes féminines représentant la déesse-mère sont très
stylisées et étonamment modernes dans leur ligne, elles sont en
bronze, argent ou electrum.
Statuette de femme, (Hasanoglan, or et argent, 25 cm, fin du
IIIème millénaire av JC). Les bandeaux croisés sur la poitrine
doivent représenter un détail vestimentaire;
Statuette de femme stylisée (Alacahöyük, argent, 16.6 cm, 2ème
moitié du IIIème millénaire av JC);
Statuette de femme allaitant son enfant (Horoztepe, bronze, 21.5
cm, fin du IIIème millénaire av JC).
Bracelet or (Alacahöyük, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC);
Couronne or (Alacahöyük, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC).
Cliquer sur les photos pour agrandir les bijoux.
Statuette féminine d'albâtre (5.2 cm) à corps circulaire et
portant deux têtes sur deux longs cous. Le corps est orné de
cercles et de motifs géométriques pour évoquer la féminité
(Kültepe, début du 3ème millénaire);
Statuette de femme en forme de violon représentant la déesse-mère
(Kalinkaya, terre cuite, fin du IIIème millénaire av JC).
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L'âge du
bronze moyen: les marchands assyriens (1950 à 1750 av JC
Cette période marque le début de l'histoire en Anatolie avec
l'utilisation de l'écriture. Les premiers échanges commerciaux
entre l'Asie-Mineure et la Mésopotamie commencent sous l'impulsion
des marchands Assyriens qui fondent des comptoirs (karum) en
Anatolie. Ils se déplacent et transportent leurs biens par des
caravanes d'ânes. Ils apportent de l'étain, du poil de chèvre, des
étoffes, du matériel de tissage et emportent de l'or et de
l'argent. Ils introduisent leur langue, leur
écriture cunéiforme
(on a trouvé de nombreuses tablettes d'argile sur lesquelles les
commerçants inscrivaient leurs comptes) et leurs cylindres-sceaux.
Ces commerçants ne se mêlent pas de politique, ils n'ont aucune
visée militaire, ils paient des loyers et des taxes aux seigneurs
anatoliens en échange de leur protection. L'Anatolie est alors
dominée par les cités-royaumes féodales des Hattis. Les négociants
assyriens s'installent hors des murs des cités dans un quartier
appelé "karum". Le plus important de ces comptoirs est Kültepe (karum
de Kanis).
Statuette féminine, nue et souriante, en ivoire (9.3 cm)
(Kültepe, 19ème siècle av JC)
Durant cette période, l'usage du tour, en poterie, se répand,
l'écriture apparaît en Anatolie et les Hittites entrent en scène.
Les tablettes écrites, retrouvées dans les maisons des marchands
assyriens, sont en général rectangulaires, rédigées en assyrien,
l'écriture cunéiforme étant tracée au stylet sur de l'argile. La
tablette était glissée dans une enveloppe cachetée, également en
argile, le tout était mis au four et cuit.
Coupe à haut pied,
21.7 cm (Kültepe 1800 av JC); Récipient à bec en forme d'animal,
23 cm (Kültepe 1800 av JC); Récipient double de forme humaine
(31.5 cm) Kültepe, début du 2ème millénaire av JC; Enveloppe
d'argile fermée, elle contenait une tablette écrite en caractères
cunéiformes (Kültepe 1800 av JC).
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La période
hittite ancienne (1750 à 1200 av JC)
Vers la fin de la période des colonies marchandes assyriennes, le
roi Anitta entreprend d'unir les cités-royaumes hittites
d'Anatolie et fonde le premier Etat centralisé. Après le départ
des marchands assyriens, Hattushil Ier déplace la capitale de
Nesha (Kanis) à Hattuscha (Bogazköy). Dans la deuxième moitié du
IIème millénaire av JC, sous le règne de Shuppiluliuma Ier, le
royaume hittite se renforce et se transforme en Empire, il forme
alors avec l'Egypte et le royaume de Babylone la troisième
puissance politique de l'Asie antérieure.
L'art du royaume hittite ancien est en grande partie lié à la
tradition anatolienne, la céramique maintient, pour la technique
et la forme, la tradition mise au point par les colonies
marchandes assyriennes.
En savoir plus sur l'histoire des Hittites
Récipient à une anse contenant le symbole de l'aire sacrée (8.4
cm)
Eskiyapar, XVIIème, XVIème siècle av JC;
Récipient en forme de grappe de raisin 14 cm
Bogazköy, XVIIIème av JC;
Rhyton (vase à boire rituel) 14.5 cm
(Kültepe 19ème siècle av JC)
Les rhytons (vases à boire rituels) sont fabriqués avec un soin
particulier, beaucoup prennent la forme du taureau;
Rhyton en forme de taureau, dieu de la tempête (90 cm)
Bogazköy, XVIème av JC;
Rhyton en tête de taureau 15.8 cm
(Tokate XVIIème, XVIème siècle av JC)
Statuette en bronze (11.4 cm) d'un dieu en train de marcher qui
porte le traditionnel chapeau pointu des Hittites, XVIème, XVème
siècle av JC.
Bas-relief (225 cm) du dieu de la guerre Calcone provenant de la
porte royale de Bogazköy, XIVème - XIIIème siècle av JC. Le dieu,
à l'allure martiale, coiffé d'un casque et armé, barre l'entrée de
la ville aux êtres néfastes. Toutes les murailles entourant la
ville sont percées de portes ornées de sphinx, de lions, de dieux.
Les temples hittites de Bogazköy ont tous une cour entourée de
pièces et de portiques. La statue du dieu se trouve dans la cella
mais le culte est exercé en plein air.
Tablette cunéiforme en terre cuite (26.5 cm), Bogazköy, XIVème -
XIIIème siècle av JC. Le texte en hittite décrit une cérémonie de
sacrifice;
Prêtre habillé d'un long manteau conduisant des animaux.
Alacahöyük, XIVème siècle av JC;
Roi et reine priant sur l'autel devant le taureau, Alacahöyük,
XIVème siècle av JC.
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La période
hittite récente (1200 à 700 av JC)
Les invasions des peuples de l'Egée mirent fin à l'Empire hittite
déjà affaibli. La ville de Bogazköy fut incendiée et détruite. Les
Hittite se réfugièrent dans les régions montagneuses du Taurus et
y fondèrent les dernières principautés hittites sans pouvoir
recréer l'unité politique. Vers 700 av JC, la civilisation hittite
disparut suite aux attaques assyriennes. L'art de cette période se
manifeste par une conjugaison de l'architecture et de la
sculpture. Les portes des murailles et les façades des palais sont
recouvertes de magnifiques orthostates : panneaux de pierres
dressées composant de longues frises de bas-reliefs. Empruntés aux
Assyriens, ce mode d'ornementation architecturale perdura pendant
près de 7 siècles.
Lion de porte en calcaire : Malatya-Aslantepe (Xème-IXème siècle
av JC);
Le roi Sulumeli fait une libation au grand Dieu qui lui fait face.
Malatya (basalte, hauteur : 86 cm, Xème-IXème siècle av JC);
Chasse au lion, Malatya (basalte, hauteur : 54 cm, IXème-VIIIème
siècle av JC).
Char de guerre qui piétine un ennemi, mise à part la coiffure,
cette oeuvre est inspirée de l'art assyrien (Karkemish basalte,
hauteur : 175 cm, VIIIème siècle av JC). Karkemish était la
capitale du plus important royaume néo-Hittite après
l'effondrement de l'Empire.
Deux soldats tuent un prisonnier en lui enfonçant un couteau dans
le crâne (760 av JC)
Sphinx à tête d'homme et de lion (Karkemish, basalte, hauteur :
134 cm, XIème siècle av JC).
Soldats casqués partant à la guerre (Karkémish, basalte, hauteur:
130 cm, VIIIème siècle av JC); Scène de musique (lyre et flûte) accompagnée de danses VIIIème
siècle av JC).
Gens de la Cour et soldat (Karkemish, basalte, hauteur : 111 cm,
VIIIème siècle av JC);
A gauche : inscriptions en hiéroglyphes (Karkemish, basalte,
hauteur : 111 cm, VIIIème siècle av JC),
A droite : le roi Araras et son fils Kamanas (Karkemish, basalte,
hauteur : 115 cm, VIIIème siècle av JC;
A gauche : les enfants du roi Araras (Karkemish, basalte, hauteur
: 119 cm, VIIIème siècle av JC),
A droite : l'épouse du roi Araras avec son fils dans les bras et
tenant un animal en laisse (Karkemish, basalte, hauteur : 115 cm,
VIIIème siècle av JC
Statue du roi Tarhunza (Malatya, calcaire, hauteur : 318 cm,
VIIIème siècle av JC).
La chevelure bouclée, la barbe, le vêtement, les sandales à
grosses semelles dénotent une influence assyrienne;
Bas-relief de la déesse Kubaba (Karkemish, basalte, hauteur : 82
cm, XIème siècle av JC).
La grenade et les cornes permettent d'identifier la déesse.
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Les
Phrygiens (1200 à 700 av JC)
Les Phrygiens pénètrent au début du XIIème siècle av JC en
Anatolie où ils détruisent toutes les grandes villes, ils fixent
leur capitale à Gordion, ville puissamment fortifiée. L'apogée du
royaume phrygien se situe dans la seconde moitié du VIIIème siècle
av JC. Au début du VIIème siècle, le royaume s'affaiblit avec
l'invasion des Cimmériens, puis il tombe sous le joug des Lydiens.
L'invasion perse, vers 550 av JC, marque la fin des Phrygiens.
Les Phrygiens enterraient leurs morts dans des chambres funéraires
en bois de cèdre, couvertes de terre, de façon à former un
tumulus. De riches présents étaient déposés dans la tombe, près de
l'urne qui contenait les cendres du défunt. Les plus grands tumuli
se trouvent à Gordion, le plus important est celui du roi Midas,
il a 50 mètres de hauteur et 300 mètres de diamètre. Dans ce
tombeau, se trouvaient des panneaux de bois sculptés, sur des
trépieds de grands chaudrons de bronze remplis de récipients plus
petits : petits chaudrons, coupes, louches..., de nombreuses
fibules de bronze. Seuls 25 tumuli ont été fouillés sur la
centaine qui se trouve aux environs de Gordion.
Petit chaudron (hauteur : 16 cm) avec sa louche en bronze. Gordion,
Grand tumulus, VIIIème siècle av JC;
Rhyton en tête de bouc. Bronze, Gordion, Grand tumulus, fin
VIIIème siècle av JC;
Rhyton en forme de chèvre appartenant à un enfant de la famille
royale. Terre cuite, Gordion, tumulus P, fin VIIIème siècle av JC.
Grande poterie (42 cm) à 4 anses décorée d'animaux peints. Alisar,
VIIIème siècle av JC;
Terre cuite (30cm) appartenant à un enfant de la famille royale,
fin VIIIème siècle av JC. Gordion, Tumulus P;
Récipient à long bec verseur, terre cuite. Gordion, tumulus W,
début du VIIIème siècle av JC;
Récipient à bec verseur (14 cm). Bronze, Gordion, Grand tumulus,
fin du VIIIème siècle av JC.
Fibules. Bronze, Gordion, Grand tumulus, fin du VIIIème siècle av
JC.
Détail (deux guerriers) d'un paravent en marqueterie de bois,
VIème siècle av JC;
Lion, andézite (110 cm), Ankara, fin VIIIème siècle av JC.
Cybèle, calcaire (126 cm), Bogazköy, milieu VIème siècle av JC. La
déesse est entourée de deux musiciens, l'un jouant de la flûte et
l'autre de la lyre. Les plis du vêtement et les traits archaïques
du visage de la déesse-mère (symbole de fécondité) montrent une
influence grecque.
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Les
Ourartéens (900 à 600 av JC)
Les Ourartéens fondèrent un Etat autour du lac de Van au début du
1er millénaire av JC. Cet Etat fut anéanti par les Mèdes et les
Scythes vers 600 av JC. Les Ourartéens ont prouvé leur habileté
dans la construction de leurs palais et temples, les adaptant à la
configuration géographique de la région. Ils ont élevé des
édifices monumentaux avec des blocs de pierre de 20 à 25 tonnes.
Ils ont utilisé, sur des fondations de pierre, des structures en
bois défendues par des murailles comportant de nombreux bastions.
Dans le domaine de l'art, les peintures murales, de couleurs vives
sont remarquables, les motifs les plus fréquents sont des
compositions géométriques ou florales, des griffons ou sphinx
ailés de part et d'autre de l'arbre de vie, des dieux montés sur
des animaux sacrés, des scènes animalières. Le travail du bronze
est une autre caractéristique de cette civilisation : casques,
boucliers, plaques votives, ceintures et surtout chaudrons décorés
de figures animales ou humaines qui ont été exportés en Phrygie,
en Italie, en Grèce continentale.
Chaudron en bronze (51 cm) sur trépied (66 cm), avec 4 têtes de
taureaux à la place des poignées.
Altintepe, début du VIIème siècle av JC;
Chaudron décoré de têtes humaines.
Plaque votive en bronze (15,7 cm), VIIème siècle av JC;
Ils ont utilisé plusieurs types de sceaux et ont introduit l'usage
du cylindre-sceau.
Cylindre-sceau en stéatite (silicate naturel de magnésie), hauteur
: 2,2 cm, Patnos, VIIIème siècle av JC.
Statuette (10 cm) de lion assis. Ivoire, Altintepe, VIIIème siècle
av JC;
Griffon ailé (12,4 cm). Ivoire, Altintepe, VIIIème siècle av JC.
Bloc de pierre avec de l'écriture cunéiforme. Deux lions
s'affrontent, surmontés d'un dieu ailé (Teishaba, dieu de la
tempête). Forteresse de Kef, VIIème siècle av JC;
Vase peint à figure humaine (14.6 cm) Patnos, IXème siècle av JC;
détail du vase
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Les
civilisations anatoliennes après le VIIème siècle av JC.
Les migrations doriennes, dès le IIème millénaire av JC, marquent
le début des premières colonies grecques en Anatolie occidentale.
On peut alors distinguer plusieurs périodes artistiques :
- la période protogéométrique (1100 - 950 av JC) : céramiques
faites au tour de potier et décorées de motifs réalisés au compas.
- la période géométrique (950 - 650 av JC) : abandon des cercles
pour des motifs angulaires.
- la période archaïque (600 - 480 av JC) : en céramique on
fabrique des vases à figures noires et rouges.
- la période classique (580 - 334 av JC) : style gréco-perse
- la période hellénistique (330 - 30 av JC)
- la période romaine (30 av JC - 395 ap JC)
Toutefois, le musée d'Ankara n'expose pas les objets de cette
période dans l'ordre chronologique mais suivant la matière dans
laquelle ils ont été réalisés.
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Les objets en pierre
Chapiteau ionien au lion, tombeau de Mykos. Calcaire, Ankara, Vème
siècle av JC;
Tête de tyran en marbre (27 cm), Karadeniz Ereglisi, 530 av JC;
Tête de femme en marbre (40 cm), Ankara, 2ème siècle av JC.
Soldat, marbre (92 cm), Eskisehir, époque romaine;
Statue de Hygeia, déesse de la santé
Marbre (92 cm) Eskisehir, époque romaine.
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La céramique
Vase à figures rouges (30 cm)
Sinop, Vème siècle av JC;
Amphore (31 cm) Kültepe époque hellénistique;
Le chasseur, sur son cheval cabré, porte des vêtements de style
oriental. Le col du vase est décoré d'écailles de poisson et de
branches entrelacées.
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Le bronze
Tête d'homme en bronze (37 cm)
Maras, IIème siècle (époque d'Hadrien);
Statuette d'Aphrodite (12 cm)
Kirsehir époque romaine;
Buste de Trajan en bronze (63 cm de diamètre)
Ankara, IIème siècle.
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L'or
Boucle d'oreille en or émaillé (2,5 cm de diamètre)
IVème siècle AV JC;
Boucles d'oreille en forme de pigeon (hauteur: 3,2 cm) IVème
siècle av JC;
Boucle d'oreille au sphinx (hauteur : 2,1 cm)
Isparta IIIème siècle av JC.
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Le verre
Il a commencé à être produit en Mésopotamie vers le
milieu du IIème millénaire av JC. Les objets fabriqués jusqu'à la
période hellénistique l'ont été par coulage, moulage ou taille (la
technique du soufflage n'était pas encore découverte).
Amphore en verre (13,4 cm)
(époque hellénistique);
Flacon à parfum (6 cm) IIème siècle
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La terre cuite
Statuette de Cybèle en terre cuite (hauteur : 14,5 cm)
Gordion, époque hellénistique
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L'Ecriture
Cuneiforme
C’est aux Akkadiens, ancêtres sémites des Arabes et des Hébreux,
que l’on doit la vulgarisation de l’écriture cunéiforme (« en
forme de clou »), inventée par leurs voisins, les Sumériens, au
4ème millénaire av JC. Deux mille ans plus tard, la langue
akkadienne était en effet parlée dans toute la Mésopotamie, et
l’écriture cunéiforme devint son plus précieux véhicule, couvrant
des milliers de tablettes d’argile. Ce mode d’écriture permettait
de transcrire d’autres langues, tels le babylonien et l’assyrien.
Comptes commerciaux, codes juridiques, traités de lois ou de
science, textes religieux et même littéraires, ces tablettes
constituèrent, grâce aux Assyriens, un fabuleux mode de
correspondance et de communication entre les peuples de
Mésopotamie et d’Anatolie.Élaborée par la civilisation mésopotamienne, cette écriture, dont
le nom caractérise l'aspect extérieur, se présente comme la
combinaison de signes en forme de clous (en latin " cuneus ")
triangulaires gravés sur des tablettes d'argile au moyen d'un
roseau taillé en biseau. Ce procédé d'écriture a connu une forte
diffusion dans l'Ancien Orient : la commodité du matériel, ainsi
que la facilité avec laquelle on pouvait se procurer des roseaux
et de l'argile y ont sans aucun doute contribué. L'écriture
cunéiforme a été inventée vers 3500 av. J.-C. et son procédé a été
utilisé jusqu'à l'ère chrétienne. Elle a servi à noter de
nombreuses langues appartenant à des familles fort différentes :
le sumérien, l'akkadien, le khaldi, le hittite, le kourrite,
l'urartéen, l'élamite... Elle prend ses origines dans le
pictogramme ; en d'autres termes, les premières tablettes étaient
des représentations déformées d'objets. Il existe une tablette
datée approximativement du XIIe siècle av. J.-C., sur laquelle le
scribe a indiqué, parallèlement aux signes cunéiformes de cette
époque, les dessins primitifs (pictogrammes) qui leur ont servi de
base. L'écriture cunéiforme nommée suméro-akkadienne doit son nom
au fait qu'elle a été d'abord utilisée par les Sumériens et
ensuite par les Akkadiens, population sémitique. Tant qu'elle
servait à noter uniquement le sumérien, elle restait assez simple,
au moins dans son principe. Mais après que les Akkadiens l'eurent
utilisée, et ceci dans des conditions compliquées, elle est
devenue difficile à lire : les Akkadiens ont, en effet, emprunté
d'abord à la fois la langue et l'écriture des Sumériens, mais en
distinguant mal l'écriture et la langue ; ils ont ensuite noté
leur propre langue dans l'écriture sumérienne, ce qui a conduit à
une écriture très complexe. L'écriture suméro-akkadienne comptait
environ 550 signes, dont 250 à 300 couramment employés. Certains
de ces signes fonctionnaient comme des idéogrammes (désignant
directement une chose), ou comme des signes qui ont des valeurs
phonétiques différentes et servent à noter soit les voyelles (a,
e, i, u) et les diphtongues (ai), soit les syllabes simples (ba,
bi, ou ar, ir...), soit encore les syllabes complexes formées
généralement d'une voyelle encadrée de deux consonnes (bar, kur...).
Il s'ensuivait qu'un même signe pouvait avoir une ou plusieurs
valeurs phonétiques (polyphones) - par exemple, " eau " et " bras
" étaient marqués par le même signe - et que plusieurs signes
pouvaient avoir à peu près la même prononciation (homophones). Il
est évident qu'un tel système produisait des difficultés de
lecture, auxquelles on a remédié en introduisant des déterminatifs,
qui permettaient de classer les signes en évitant ainsi les
ambiguïtés, et des compléments phonétiques, qui précisaient
l'initiale et la finale des mots.
L'homophonie et la polyphonie conduisent inévitablement vers une
notation phonétique. Pourtant, l'écriture cunéiforme, bien que
très complexe, ne s'est jamais transformée en une écriture
phonétique et elle n'a pas été abandonnée au profit d'une écriture
alphabétique.
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Les Hittites
Vers 1850 av JC, les Hittites, peuple indo-européen, venus du nord,
arrivent en Anatolie. Leur langue s'apparente au tokharien du
Turkestan oriental. Parures, outillage, armement et céramique
montrent par ailleurs des affinités culturelles avec d'autres
populations des steppes d'Eurasie : c'est pourquoi l'on pense que
leur habitat primitif se situait au-delà de la mer Caspienne.
En Anatolie, ils s’établissent d’abord à Kültepe où ils se mêlent
à la population locale des Hattis avant de fonder leur propre
capitale, Kussar qu’ils transféreront ensuite à Hattusas (Bogazkale).
C’est la conquête de cette dernière ville, attestée par la
rédaction d’une tablette au XVIIème siècle av JC, qui marque
l’avènement de l’Empire hittite. Ils adoptèrent rapidement
l'écriture cunéiforme empruntée à la Mésopotamie, comme l'ont
révélé les 25 000 tablettes retrouvées à partir de 1905 par des
archéologues allemands dans les ruines de Hattousa, leur seconde
capitale (auj. Bogazköy, à l'est d'Ankara).
L'histoire des Hittites est divisée en deux grandes périodes,
l'Ancien Empire et le Nouvel Empire.
Sous l’Ancien Empire (XVIIème-XVème siècle av JC), le roi Labarnas
II lance une expédition contre Babylone qu’il détruit (vers 1595),
il annexe en même temps le royaume mésopotamien des Hourrites. A
son retour, il se rebaptise Hattusili Ier, et fonde à Kushshar un
royaume dont le cœur se trouvait dans la boucle du fleuve Halys
(Kizil Irmak aujourd'hui). Grâce à l’usage des chevaux, qui font
la suprématie de leur armée, les Hittites ne cesseront d’agrandir
leur territoire.
A partir du 15ème siècle av JC (début du Nouvel Empire), ils
dominent ainsi toute l’Anatolie centrale, étendant leur hégémonie
des rives de l’Eupbrate à la côte égéenne et s’aventurent même
jusqu’à Damas.
En 1285 av JC, Hattusili III décide d'affronter le tout-puissant
Ramsès II, c'est la célèbre bataille de Kadesh où il n'y a aucun
vainqueur, il en résulta un pacte de non-agression, Hattusili III
accorda la main de sa fille à Ramsès il et signa avec lui le
premier traité de paix de l’histoire (1278 av JC) qui fixait le
partage de la Syrie. Une période de paix et de prospérité s'en
suivit.
L'Empire hittite évolua ensuite en un Etat quasi féodal. Pour
subsister, une caste de guerriers privilégiés, qui devait son
ascension au progrès des techniques militaires, reçut du roi des
fiefs, vastes domaines qui devinrent rapidement de véritables
principautés indépendantes. L'empire, ainsi affaibli dans son
unité, fut détruit vers 1100 par l'invasion des peuples de la Mer,
venus d'Europe. Les populations hittites, fuyant vers le sud-est,
furent progressivement assimilées, mais des cités-États
néo-hittites se maintinrent au sud-est (tel Karatepe) et à l'ouest
de l'Empire, le long de l'Anti-Taurus, avant d'être absorbées par
l'Assyrie au VIIe siècle.
Le système économique sur lequel reposait la civilisation hittite
se caractérisait par le centralisme : le palais royal dirigeait, à
l'aide d'une bureaucratie de scribes, toute l'économie du pays (la
gestion du domaine privé du roi, celle des temples et celle des
institutions privées). Ainsi se mit en place dès le XIVème siècle
un système caractéristique du despotisme oriental, où même le
commerce est contrôlé par le palais royal, et où l'ensemble de la
vie sociale est dirigé par une bureaucratie liée au roi par
serment et soudée par des règles de fonctionnement hiérarchique
très précises.
La richesse des Hittites provenait en partie du commerce du
bronze. Les principales mines de cuivre du Moyen-Orient se
trouvaient en effet près de Kanesh. Si l'extraction du cuivre
était gérée par des marchands assyriens, sa transformation était
réalisée sur place par des forgerons probablement hourrites et
organisés en caste. C'est d'ailleurs aux forgerons de Syrie du
Nord que l'Empire hittite dut une grande partie de sa puissance,
car ils découvrirent au XIIIème siècle av JC. la carburation du
fer, qui rend ce métal plus dur et moins cassant que le bronze en
le transformant en acier : le monopole des armes en acier sera la
base principale des succès militaires hittites.
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