L’histoire de l'Anatolie englobe le passé de
toute la région désignée sous le nom d’Anatolie, aussi connue
sous le nom d’Asie Mineure (d’origine latine) et considérée
comme l’extension la plus occidentale de l’Asie de l'Ouest.
Géographiquement, elle comprend la plus grande partie de la
Turquie moderne, depuis la mer Égée jusqu’aux montagnes de la
frontière arménienne à l'est et de la mer Noire au nord
jusqu’aux monts Taurus au sud.
Généralités,
géographie historique
Paléolithique, Épipaléolithique, Néolithique
Âge du bronze
Premier âge du bronze
Âge du bronze moyen
Âge du bronze Tardif
Premier âge du fer
Antiquité classique
Maeonie et royaume de Lydie
Empire achéménide
Période hellénistique
Alexandre le Grand
Guerres des Diadoques et démembrement de l’empire d’Alexandre
Empire Séleucide
Parthie et Pergame avant l’année 200
Période romaine
Intervention romaine en Anatolie
Les guerres de Mithridate
Le christianisme en Anatolie à l’époque romaine
De la paix romaine aux invasions gothiques
Empire byzantine
Empire romain d'Orient
Empire byzantin à son apogee
Croisades et dislocation de l'Empire byzantin en Anatolie
Période turque (depuis 1071)
Période seldjoukide (1071-1243)
Période des beylicats (1243-1340)
Période ottomane (1340-1922)
Unification de l’Anatolie
Organisation
De l'Empire à la République
Chute de l'empire
Turquie moderne (de 1923 à nos jours)
Les plus anciennes traces de cultures en Anatolie se trouvent
sur plusieurs sites archéologiques situés dans la partie
centrale et orientale de la région, et remontent à l'aube du
néolithique. Bien que les origines de certains peuples parmi les
plus anciens soient entourées de mystère, les vestiges des
cultures hattie, akkadienne, assyrienne, et hittite nous
fournissent de nombreuses informations sur la vie quotidienne
des habitants et sur leurs relations commerciales. Après la
chute des Hittites, les nouveaux États de Phrygie et de Lydie se
sont solidement installés sur la côte ouest au moment où la
civilisation de la Grèce antique commençait à prospérer.
Seule la menace des empires iraniens les a
empêchés de se développer davantage au temps de leur apogée.
Au moment de l’expansion de la Perse, le système
de gouvernement local en Anatolie a permis à de nombreuses
villes portuaires de s’étendre et de prospérer. Leurs
gouverneurs se révoltaient de temps à autre, mais cela ne
constituait pas une menace sérieuse jusqu’à ce qu’Alexandre le
Grand mette fin à la domination perse à la suite de plusieurs
victoires successives remportées sur son ennemi, le roi perse
Darius III. Après sa mort, ses conquêtes ont été disputées entre
ses généraux, la région étant divisée entre plusieurs États
hellénistiques (dont l'Empire séleucide, Pergame, le Royaume du
Pont et l’Égypte) et subissant des invasions gauloises.
La région est ensuite progressivement passée sous domination
romaine à partir du iie siècle avant notre ère.
Ainsi se sont progressivement mis en place des peuples de
diverses origines, des royaumes, des confédérations et des
régions qui ont formé, durant l’Antiquité, la trame de la
géographie historique de l’Anatolie : Arménie, Bithynie,
Cappadoce, Carie, Cilicie, Commagène, Éolide, Galatie, Ionie,
Isaurie, Lycaonie, Lycie, Lydie, Mysie, Pamphylie, Paphlagonie,
Phrygie, Pisidie, Pont et Troade, auxquels ont succédé les
provinces romaines, les thèmes byzantins (mis en place par
l’empereur Héraclius), puis les émirats turcs (réunis par
l’Empire ottoman).
Comme l’Empire perse avec ses satrapies avant lui, l’Empire
romain avec ses États-clients et ensuite ses provinces, a permis
aux aristocraties locales d’exercer leurs pouvoirs sous
protection militaire impériale, mais avec une assez grande
autonomie. Les cultures locales, d’origines diverses mais
reliées par l’origine indo-européenne de la plupart des langues
qui y étaient parlées, puis par l’hellénisme et plus tard par le
christianisme, ont pu se développer tant sous la domination
perse, que pendant la période hellénistique et ensuite durant la
longue période romano-byzantine. L’empereur Constantin le Grand
établit à Constantinople une nouvelle capitale pour l’Empire
romain, qui devient l’empire d'Orient ou « Empire byzantin »
après son partage.
Situé à l’extrémité occidentale de la route de la soie et des
routes maritimes de l’encens, des épices et des pierres
précieuses venant d’Asie, cet empire perdura après la chute de
celui d’Occident en raison de sa grande prospérité et de
l’habileté de ses dirigeants, mais c’est précisément sa richesse
qui attira les convoitises des Perses, des Arabes, des Bulgares,
des Russes, des Normands, des Croisés, des Vénitiens, des Génois
et des Turcs qui finirent par épuiser l’empire, le morceler et
le réduire à sa seule capitale Constantinople, au bout de près
d’un millénaire de combats terrestres et maritimes. Ce sont les
armées Seldjoukides, Danichmendides et Houlagides qui les
premières s’emparèrent en 1071 de l’Anatolie centrale,
ultérieurement partagée entre plusieurs émirats turcs, mais
c’est l’empire turc le plus puissant : celui des Ottomans, qui
porta le coup de grâce à l’Empire byzantin, quand le sultan
Mehmed II prit Constantinople en 1453.
Par son système des milliyets, l’Empire ottoman permit aux
populations, cultures et religions antérieures de se maintenir
en Anatolie longtemps après 1453, et mit les anciennes sources
de richesse de l’Empire byzantin, dont il avait hérité, à profit
pour agrandir son territoire. L'Empire ottoman devint alors le
plus puissant des États musulmans, allant des portes de Vienne
en Autriche jusqu’au Yémen et au golfe persique, des steppes
ukrainiennes jusqu’au Soudan africain, et des frontières du
Maroc jusqu’à celles de l’Iran ; ce fut aussi le seul État
musulman à avoir pour vassaux des États chrétiens : les
principautés danubiennes et celles du Caucase géorgien, situées
dans le Dar el Ahd : « maison de la trêve » (en arabe :
دار
العهد). Si Constantinople était
la capitale de cet immense empire, l’Anatolie en était le centre
et le carrefour.
Après une période de décadence, l’Empire ottoman fut dépecé à la
suite de sa défaite à l’issue de la Première Guerre mondiale,
mais la guerre d'indépendance turque permit à Mustafa Kemal
Atatürk d’ériger en Anatolie la nouvelle République de Turquie,
en battant les Grecs, en abolissant définitivement le sultanat
ottoman en 1922, et en faisant reconnaître ses acquis en 1923.
Depuis lors, la Turquie est devenue un État moderne qui n’a plus
connu de guerre sur le territoire anatolien. i
En raison de son emplacement au carrefour de l'Asie et de
l’Europe, l’Anatolie a été le centre de plusieurs civilisations
dès les temps préhistoriques.
Le Néolithique émerge dans les populations de chasseurs-cueilleurs
locales de l'Anatolie centrale sans que l'on puisse démontrer
une influence externe1. Le Néolithique en
Anatolie s'étend entre 9500 et 6000 av. J.C.
Présent en Anatolie centrale vers 8 300 av.
J.C., le Néolithique se diffuse vers l'Ouest atteignant les
côtes égéennes et le Nord-Ouest de l'Anatolie avant 6 600 av.
J.C., puis de manière quasi-synchrone continue vers
l'Europe. Les études suggèrent que ces populations constituées
de chasseurs-cueilleurs ont adopté des pratiques d'agriculture
et d'élevage à côté de pratiques traditionnelles de chasse et de
cueillette. Les premiers Anatoliens du Néolithique central
appartenaient au même pool génétique que les premiers migrants
néolithiques se propageant en Europe2.
Environ 6 500 ans av. J.-C., les populations d'Anatolie et du
Caucase du Sud commencent à se mélanger génétiquement, résultant
en un mélange distinct qui s'est progressivement propagé dans
toute la région, du centre de l'Anatolie au sud du Caucase et
aux montagnes de Zagros dans le nord de l'Iran d'aujourd'hui3,4.
Parmi les sites néolithiques on peut citer Aşıklı Höyük, Çatal
Höyük, Çayönü, Körtik Tepe, Nevalı Çori, Hacılar, Göbekli Tepe
et Mersin. L'occupation du site mythique de Troie, situé à
l'ouest de l'Anatolie, débute aussi pendant le Néolithique.
i
À cette époque, la métallurgie du bronze s’est propagée à
l'Anatolie en provenance de la culture kouro-araxe
transcaucasienne à la fin du IVe millénaire av. J.-C. L’Anatolie
est restée au stade préhistorique jusqu'à son entrée dans la
sphère d'influence de l'Empire d'Akkad au xxive siècle av. J.-C.
sous Sargon Ier. Les intérêts d'Akkad dans la région, dans la
mesure où on peut les connaître, étaient liés à l'exportation de
matériaux divers destinés à l’artisanat local.
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L’Assyrie entretint un réseau commercial actif en Anatolie,
attesté par les tablettes retrouvées à Kültepe.
Les premiers royaumes antiques d'Anatolie commencèrent à émerger
pendant cette période. L’Ancien Empire hittite apparut à la fin
de l'âge du bronze moyen, par la conquête d’Hattusa sous
Hattushili Ier (xviie siècle av. J.-C.).
L’âge du bronze moyen anatolien influença la culture minoenne de
Crète, comme en témoignent les fouilles archéologiques de
Cnossos.
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L'Empire hittite atteignit son apogée au xive siècle av. J.-C.,
époque où il englobait l'Anatolie centrale, le nord-ouest de la
Syrie jusqu’à Ougarit, et la haute Mésopotamie.
Le royaume de Kizzuwatna, dans le sud de l'Anatolie, dominait la
région séparant le Hatti de la Syrie et contrôlait les routes
commerciales. La paix fut longtemps maintenue entre les
deux empires par des traités établissant les limites de leurs
zones d’influence. C'est sous le règne du roi hittite
Suppiluliuma Ier que Kizzuwatna fut conquis en totalité, bien
que les Hittites aient préservé la culture urbaine de ce royaume
à Kummanni (en) (probablement Comana de Cappadoce sur le site
actuel de Şar en Turquie) et Lazawantiya, au nord de la Cilicie.
À la suite de la grande crise survenue au Levant à partir des
années 1180 av. J.-C., associée à l'invasion des peuples de la
mer, l'empire se disloqua en plusieurs cités-États «
néo-hittites » indépendantes, dont certaines survécurent
jusqu'au viiie siècle av. J.-C. L'histoire de la civilisation
hittite est surtout connue à partir des textes écrits en
cunéiforme découverts dans les territoires de leur empire, et de
la correspondance diplomatique et commerciale retrouvée dans
différentes archives en Égypte et au Moyen-Orient.
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Après la dislocation de l'Empire hittite au cours du xiie siècle
av. J.-C., les royaumes anatoliens traversèrent une nouvelle
phase de morcellement. Le royaume phrygien apparut vers cette
époque et se maintint de manière indépendante jusqu'au viie
siècle av. J.-C. Les Phrygiens, peut-être originaires de Thrace,
établirent leur capitale à Gordion (actuellement Yazılıkaya).
Connus sous le nom de Mushki par les Assyriens,
les Phrygiens possédaient un système de gouvernement non
centralisé et entretenaient un vaste réseau de routes. Ils
conservèrent, en les adaptant au fil du temps, de nombreux
éléments de la culture hittite.
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Midas, présenté sous un jour mythique par les auteurs grecs et
romains de l’Antiquité, fut le dernier roi du royaume phrygien.
La légende du roi Midas lui attribue le pouvoir, conféré par
Dionysos, de transformer les objets en or par simple contact,
ainsi qu'une mauvaise rencontre avec Apollon à la suite de
laquelle ses oreilles se transformèrent en oreilles d'âne. Les
rares données historiques montrent que Midas, identifié par la
plupart des historiens au roi Mita de Mushki mentionné dans les
textes assyriens, a vécu entre 740 et 696 av. J.-C. et gouverné
la Phrygie à son apogée. Les Assyriens considéraient Mita comme
un ennemi dangereux, suffisamment pour que leur roi Sargon II
soit très heureux de négocier avec lui un traité de paix en 709
av. J.-C. Cet accord ne put empêcher la progression des
Cimmériens, cavaliers venus du nord de la mer Noire qui
ravagèrent la Phrygie et l'Asie Mineure, conduisant au suicide
le roi Midas en 696 av. J.-C.
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La Lydie, ou Maeonie comme on l'appelait
jusqu’en 687 av. J.-C., a joué un rôle important dans l'histoire
de l'Anatolie occidentale, depuis la dynastie Atyad qui est
apparue vers 1300 avant notre ère. La dynastie suivante,
celle des Héraclides, est restée au pouvoir sans interruption de
1185 à 687 av. J.-C. en dépit d’une influence croissante de la
présence grecque sur la côte méditerranéenne. Alors que les
villes grecques comme Smyrne, Colophon et Éphèse se
développaient, les Héraclides sont devenus de plus en plus
faibles. Le dernier roi, Candaule, a été assassiné par son ami
et porteur de lance, Gygès, qui l’a remplacé sur le trône. Gygès,
entré en guerre contre les intrus grecs, fut bientôt confronté à
un problème grave quand les Cimmériens ont commencé à piller les
villes situées à la périphérie du royaume. C'est cette
succession d'attaques qui a conduit à l'incorporation de l'État
indépendant de Phrygie, avec sa capitale Gordion, dans l’orbite
de la Lydie. Il en fut ainsi jusqu’au terme des règnes
successifs de Sadyattès et d’Alyatte II, dans les années -560,
lorsque les attaques des Cimmériens cessèrent définitivement.
Sous le règne du dernier roi de Lydie, Crésus, la Perse a
d’abord été envahie à la suite de la bataille de la Ptérie (bataille
de l'Halys) qui se termina sans vainqueur. Progressant plus
profondément en Perse, Crésus a ensuite été complètement défait
à la bataille de Thymbrée et tomba sous la domination du roi de
Perse, l’Achéménide Cyrus II dans les années -540.
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Dans les années -550, la dynastie mède, qui dominait depuis une
centaine d'années l'ouest de l'Iran et l'est de l'Anatolie, fut
renversée par la rébellion d'un de ses vassaux, Cyrus le Grand,
roi de Perse. Crésus, roi de Lydie, célèbre pour ses grandes
richesses, crut le moment favorable pour conquérir l'Iran.
En fin de compte, Crésus fut vaincu et Cyrus
s'empara de sa capitale, Sardes, et de l'ensemble de l'empire
lydien vers -540. Les cités encore indépendantes d’Ionie
songèrent à résister aux Perses et demandèrent de l'aide à
Sparte qui refusa. Les Ioniens se soumirent ou émigrèrent, comme
les citoyens de Phocée partis en Corse ou les citoyens de Téos
partis vers Abdère en Thrace.
L’Empire perse achéménide, après sa fondation par Cyrus le
Grand, poursuivit son expansion sous le roi Darius le Grand. Les
gouverneurs de provinces, connus sous le nom de satrapes,
assuraient le versement d'un tribut annuel. Une de leurs
principales charges était l'entretien et la protection de la
Voie royale perse qui reliait Sardes à Suse, capitale
administrative de l'empire, et des voies secondaires qui s'y
rattachaient pour assurer la circulation des armées, des
courriers et du commerce. Des colons iraniens, avec leurs lieux
de culte, s'implantèrent autour des résidences satrapiques comme
Sardes ou Daskyleion.
Une révolte de Naxos, en 502 av. J.-C., amena
Aristagoras, chef de la cité grecque de Milet, à proposer à
Artapherne, satrape de Lydie, un plan d'invasion de l'île.
L'échec de cette tentative conduisit Aristagoras à
convaincre ses compatriotes ioniens de se révolter contre les
Perses. La révolte de l'Ionie, avec l’aide d’Athènes, fut
marquée par la destruction de Sardes incendiée par les Ioniens
et les Athéniens en -498.
Les peuples d'Anatolie, y compris les Grecs ioniens, fournirent
des contingents importants dans les campagnes de l'Empire perse
contre les Scythes en -513, puis contre les Athéniens et leurs
alliés grecs pendant les guerres médiques, de -490 à -479. Les
cités ioniennes, de -477 à -404, se détachèrent de l'Empire
perse pour se joindre à la Ligue de Délos dirigée par Athènes.
De -408 à -401, le prince achéménide Cyrus le Jeune, frère
d'Artaxerxès II, gouverna l'ensemble de l'Anatolie avec le titre
de karanos. Après la défaite d'Athènes dans la guerre du
Péloponnèse, il reprit les cités côtières d'Ionie, leva une
armée personnelle dans les satrapies anatoliennes, mais trouva
la mort dans une expédition visant à détrôner son frère, à la
bataille de Counaxa. L'Anatolie repassa sous l'autorité des
satrapes fidèles à Artaxerxès II12. L'unité de l'Empire fut de
nouveau menacée par la révolte des satrapes d'Anatolie, de -372
à -362, mais les satrapes finirent par conclure un traité avec
Artaxerxès II.
À l'intérieur du cadre perse, plusieurs peuples anatoliens comme
les Mysiens, les Paphlagoniens et les Mosques (en) maintenaient
une large autonomie et payaient tribut au pouvoir royal malgré
des périodes de rébellion. La plus importante de ces
principautés vassales était la Cilicie, point de passage
important entre l'Anatolie, la Syrie et la Mésopotamie, qui
fournissait des navires et des chevaux.
Les Cariens faisaient officiellement partie des peuples soumis
au satrape de Lydie. Le souverain local, Hécatomnos, avait
obtenu pour sa famille une certaine autonomie en versant à
l’empire perse un tribut régulier et en prenant bien garde que
ses protecteurs ne le soupçonnent pas de les tromper. Son fils
Mausole continua dans la même voie et transféra sa capitale de
Milas à Halicarnasse, pour conférer à son royaume un avantage
stratégique du fait que la nouvelle capitale se trouvait sur la
mer. Il renforça les défenses de la ville et construisit une
marine puissante. Il offrit sa protection aux cités de Chios,
Cos et Rhodes lorsqu'elles se séparèrent de la seconde
confédération athénienne. A la mort de Mausole, sa veuve
Artemisia continua sa politique et lui construisit un tombeau
monumental, le Mausolée. Le pouvoir local en Carie demeura dans
la famille d’Hécatomnos pendant une vingtaine d'années jusqu’à
l'arrivée d’Alexandre le Grand.
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En -336, le roi Philippe de Macédoine fut assassiné et son fils
Alexandre devint le nouveau maître de la Macédoine. Il reprit
les préparatifs de son père pour une guerre contre les Perses et
rassembla une flotte pour contrer les menaces de la puissante
marine ennemie commandée par Memnon de Rhodes. Il débarqua sur
les rivages de l'Anatolie, près de Sestos dans la péninsule de
Gallipoli en -334, et battit d'abord l'armée des satrapes perses
et leurs mercenaires grecs à la Bataille du Granique. Alexandre
s'empara alors de la Lydie, puis de l’Ionie. La prise des villes
côtières d'Anatolie, et plus tard de Phénicie, lui permit
d'éliminer la menace de la flotte perse sans avoir à engager une
bataille à très haut risque sur la mer. Alexandre le Grand
traversa la Phrygie, où l'épisode légendaire du « nœud gordien »
lui permit de se présenter en successeur des royaumes antiques
d'Anatolie, la Cappadoce et enfin la Cilicie. L’armée perse,
commandée par le roi Darius III, avançait à travers la plaine
d’Issos à la recherche d’Alexandre. À ce moment, Alexandre
réalisa que le terrain était favorable à une armée plus petite,
comme la sienne et il engagea la bataille d'Issos. L'armée de
Darius ayant été écrasée par les Macédoniens, Darius prit la
fuite vers l’autre rive de l’Euphrate en abandonnant sa famille
tombée aux mains d’Alexandre le Grand. Ainsi l'Anatolie
échappa-t-elle à la domination perse.
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En juin -323, Alexandre mourut subitement, laissant le pouvoir
vacant en Macédoine. Du fait que son demi-frère, Philippe III
Arrhidée se révélait incapable de gouverner efficacement en
raison d'une invalidité grave, une succession de guerres connues
sous le nom de guerres des Diadoques, se déclencha pour prendre
possession de ses conquêtes. Perdiccas, un officier de cavalerie
de haut rang, et plus tard Antigone, le satrape de Phrygie,
prirent dans un premier temps, le dessus sur les autres
prétendants à la succession d’Alexandre le Grand à la tête de
l’empire d’Asie.
Ptolémée, gouverneur d'Égypte, Lysimaque et Séleucos, les plus
puissants généraux d’Alexandre, consolidèrent leur position
après la bataille d'Ipsos, au cours de laquelle leur rival
commun Antigone avait été défait. Les royaumes anatoliens de
l'époque hellénistique issus du partage de l'empire d’Alexandre
se partagèrent ainsi : Ptolémée obtint plusieurs territoires du
sud de l’Anatolie, l’Égypte et une partie du Levant, constituant
l'empire ptolémaïque ; Lysimaque tenait Anatolie occidentale et
la Thrace, alors que Séleucos, maître des satrapies iraniennes
et mésopotamiennes, s’attribuait le reste de l’Anatolie, formant
un vaste ensemble connu sous le nom d’empire séleucide. En
Anatolie, seul le royaume du Pont réussit à obtenir son
indépendance sous Mithridate Ier du Pont grâce au fait qu’il
avait été l’ennemi d’Antigone.
i
Séleucos Ier, au cours des douze ans de son règne (de -299 à
-287), fonda une capitale nommée Antioche, d'après le nom de son
père Antiochus, et qui devint une des métropoles du monde
hellénistique. Il porta également ses efforts sur la création
d'une grande armée permanente et partagea son empire en 72
satrapies pour en faciliter l'administration. Après une période
de relations pacifiques, une rupture se produisit entre
Lysimaque et Séleucos, conduisant à une guerre ouverte en -281.
Séleucos vainquit son rival à la bataille de Couroupédion au
début de 281 mais, voulant étendre ses conquêtes vers la
Macédoine, il fut assassiné à Lysimachia par Ptolémée Kéraunos,
futur roi de ce pays.
Après la mort de Séleucos, l'empire qu'il laissait dut affronter
de nombreuses menaces intérieures et extérieures. Antiochos Ier
repoussa avec succès une attaque de Galates mais, en -262, ne
put vaincre Eumène Ier qui établit un royaume indépendant autour
de Pergame. Antiochos II surnommé Theos, ou «le divin», fut
empoisonné par sa première épouse, qui fut à son tour
empoisonnée par Bérénice Phernophorus, seconde épouse
d’Antiochos et fille de Ptolémée III, roi d’Égypte. Le fils
d’Antiochos II né de sa première épouse, Séleucos II, devint roi
après cette tragédie. Ces événements poussèrent Ptolémée III à
envahir les territoires séleucides (Troisième Guerre syrienne)
en -246, occupant pour peu de temps les deux capitales
séleucides, Antioche de Syrie et Séleucie du Tigre, et concédant
les terres de Phrygie à Mithridate roi du Pont en -245 comme
cadeau de mariage. Cette période est marquée par la fondation de
plusieurs colonies royales comme Séleucie du Méandre en Lydie et
Apamée Kibotos en Bithynie.
i
L'instabilité dynastique de l'État séleucide facilita la révolte
des Bactriens en Parthie sous la direction de leur satrape
Andragoras en -245, conduisant à la perte de territoires
limitrophes de la Perse. Le nord de la Parthie fut alors envahi
par des nomades de langue iranienne, les Parni, en -238, et ils
finirent par s'établir durablement dans l'ensemble de la
province sous le règne de Tiridate Ier. Antiochos II Séleucides
ne put mettre fin à la rébellion et un nouveau royaume se créa,
l'Empire parthe, sous le règne du frère de Tiridate, Arsace. La
Parthie s'étendit jusqu’à l’Euphrate à l’apogée de sa puissance.
Le royaume de Pergame se rendit indépendant après le règne de
Philétairos, de la lignée locale des Attalides, sous son neveu
Eumène Ier. Ce dernier annexa des parties de la
Mysie et de l’Éolide, et s’installa solidement dans les ports
d’Elaia et de Pitane. Attale Ier, successeur d’Eumène Ier,
étendit les limites de Pergame, refusa de payer tribut aux
Galates et gagna une guerre contre eux en 230 avant notre ère,
victoire commémorée plus tard par les sculptures du grand autel
de Pergame, puis battit le Séleucide Antiochos Hiérax trois ans
plus tard et domina temporairement une grande partie de
l'Anatolie. Séleucos III restaura partiellement la puissance des
Séleucides mais autorisa Attale à conserver les anciens
territoires de Pergame.
Le traité avec Attale fut le dernier succès significatif des
Séleucides en Anatolie, au moment où l'Empire romain se
profilait à l'horizon. Après cette victoire, les héritiers de
Séleucos III ne seront plus jamais capables d'agrandir à nouveau
leur empire.
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Pendant la deuxième guerre punique, Rome fut mise en difficulté
en Italie par l'invasion d’Hannibal, le célèbre général
carthaginois. Lorsque Hannibal conclut une alliance avec
Philippe V de Macédoine en -215, Rome envoya une petite force
navale à la Ligue étolienne, adversaire de la Macédoine, et
Attale Ier de Pergame se rendit à Rome pour convaincre les
Romains que la guerre contre la Macédoine était nécessaire. Le
général romain Flaminius battit Philippe à la bataille de
Cynoscéphales en -197 et laissa espérer l'autonomie à la Grèce
et aux cités grecques d'Anatolie.
Après la victoire de Rome, la Ligue étolienne voulut profiter de
la défaite de Philippe et fit appel au Séleucide Antiochos III.
Malgré les avertissements lancés par Rome, Antiochos traversa la
Thrace et le nord-est de la Grèce mais fut sévèrement battu par
les Romains à la bataille des Thermopyles en -191, puis à celle
de Magnésie, en terre asiatique, en -189, Eumène de Pergame
contribuant à cette dernière victoire comme allié de Rome .
En raison du traité d'Apamée conclu l'année suivante, Pergame
annexa tous les territoires séleucides au nord des monts Taurus
sauf une région côtière donnée à Rhodes. Cependant, Rome ne
laissa à Pergame qu'une autonomie limitée : elle permit à Eumène
de remporter des victoires locales sur Prusias Ier de Bithynie
et Pharnace Ier du Pont mais, après une victoire d'Eumène sur
les Galates en -184, Rome l'obligea à libérer ses captifs.
L'intérieur de l'Anatolie était resté relativement stable malgré
des incursions occasionnelles des Galates jusqu'à l'avènement
des royaumes du Pont et de Cappadoce au iie siècle av. J.-C..
Sous Ariarathe IV, la Cappadoce s'allia d'abord aux Séleucides
dans leur guerre contre Rome, puis ne tarda pas à établir de
bonnes relations avec Rome. Son fils, Ariarathe V, poursuivit sa
politique d'alliance avec les Romains et se joignit à eux dans
la bataille contre Prusias Ier de Bithynie juste avant sa mort
en 131 avant notre ère. Le Pont était un royaume indépendant
depuis le règne de Mithridate et la politique de Rome consistait
à maintenir un équilibre entre les royaumes locaux, Pergame,
Bithynie, fondée par Nicomède Ier, Cappadoce et Pont.
La domination de Rome en Anatolie était surtout indirecte et
assez légère. Cependant, après le legs de Pergame aux Romains
par son dernier roi, Attale III en -133, son territoire devint
une province sous administration romaine directe, appelée Asie,
sous le consul romain Manius Aquilius. Il resta cependant
principalement hellénophone, avec des populations d’origine
diverse, mais partageant toutes, y compris les juifs, une même
culture hellénistique.
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En -90, Rome se trouva de nouveau affaiblie par
la révolte des cités italiennes. Mithridate VI, maître du
royaume du Pont, jugea le moment propice pour envahir la
Bithynie. Il retira ses troupes peu après sur l’ultimatum de
Rome, mais n’accepta pas toutes les exigences romaines. En
conséquence, Rome encouragea la Bithynie à attaquer le Pont,
mais la Bithynie, fut défaite25. Les guerres de Mithridate
devaient se poursuivre pendant près de trente ans. Mithridate
entra dans la province romaine d’Asie et incita les Grecs à
massacrer les colons romains lors des Vêpres asiatiques en -88.
Malgré les luttes intestines à Rome entre populares et optimates,
le consul Sylla partit en campagne contre Mithridate et le
battit dans la Première guerre de Mithridate. La Paix de
Dardanos, en -85, ne laissa à Mithridate que le seul territoire
du Pon5.
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En -74, un autre royaume anatolien, la Bithynie, passa sous la
domination romaine par le legs de son roi Nicomède IV. Peu de
temps après que la Bithynie fut devenue une province romaine,
Mithridate VI tenta une fois de plus de l’envahir. Rome envoya
cette fois le consul Lucullus qui refoula Mithridate vers les
montagnes et vainquit son gendre et allié Tigrane II, roi
d'Arménie.
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La campagne de Lucullus n’avait cependant pas éliminé
complètement la menace de Mithridate ce qui lui valut, à son
retour au pays, beaucoup de critiques. De plus,
les pirates de Cilicie mettaient en danger l'approvisionnement
de Rome. Pompée obtint alors les pleins pouvoirs pour
combattre les pirates et Mithridate. En fin de compte,
Mithridate se suicida en 63 av. J.-C. et sa disparition permit à
Rome d’ajouter à ses possessions le Pont devenu protectorat, en
plus de la Cilicie devenue province romaine5. En dehors de
l’orbite romaine il ne restait plus que la Galatie, la Pisidie
et la Cappadoce, toutes trois régies par Amyntas, et rassemblées
dans le dernier royaume qui n’était pas encore protectorat ou
province romaine. Cependant, en -25, Amyntas mourut en
poursuivant des ennemis dans les monts Taurus, et Rome annexa
ses terres pour en faire une province, réunissant ainsi la
totalité de l’Anatolie.
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Alors que Rome consolidait son pouvoir, l’influence culturelle
juive en Anatolie contribua à l’évolution religieuse de la
région. Aux environs de -210, Antiochos III de la dynastie des
Séleucides avait réinstallé 2.000 familles juives de Babylone en
Lydie et en Phrygie, et ce genre d’émigration se poursuivit tant
que dura l’Empire. D’autres indices permettant de confirmer
l’influence juive dans la région ont été fournis par Cicéron,
qui a noté qu’un gouverneur romain avait interrompu le versement
du tribut envoyé à Jérusalem par les Juifs en -66, et la lettre
d’Éphèse, où le peuple exhortait Agrippine à expulser les juifs
parce qu’ils ne participaient pas aux rituels religieux de la
cité.
L’expansion du christianisme en Anatolie devint
évidente dès les Ier et iie siècles. Dans le Nouveau Testament,
les lettres de l’apôtre Paul, lui-même natif de Tarse en
Cilicie, témoignent de cette tendance. De sa maison où il
habitait à Éphèse de 54 à 56, il nota que « tous ceux qui
demeuraient en Asie ont entendu la parole » et il a vérifié
l’existence d’une église à Chônai, ainsi qu’en Troade. Plus
tard, il reçut des lettres de Magnésie et de Tralles, villes qui
toutes deux avaient déjà des églises, des évêques et des
représentants officiels qui avaient soutenu Ignace de Syrie.
Le Livre de l'Apocalypse mentionne les Sept Églises
d'Asie : Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie
et Laodicée du Lycos27. Même des non-chrétiens ont commencé à
avoir connaissance de la nouvelle religion. En 112, Pline le
Jeune, gouverneur romain de Bithynie, écrit à l’empereur romain
Trajan que beaucoup de personnes différentes commencent à
affluer vers le christianisme, et que les temples se vident.
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À partir du règne d’Auguste jusqu’à celui de Constantin,
l’Anatolie connut une paix relative qui en fit une région
prospère. L’empereur Auguste annula toutes les dettes dues à
l’Empire romain par les provinces et les protectorats de la
région. Des routes furent construites pour relier les grandes
villes afin d’améliorer le commerce et le transport, et
l’amélioration des rendements agricoles enrichit toute la
population. L’installation de nouveaux arrivants fut encouragée,
et les gouverneurs furent incités à renoncer à une fiscalité
trop lourde. La paix et la prospérité permirent des progrès
scientifiques et techniques, l’architecture s'adaptant pour
limiter les dégâts entraînés par les violents tremblements de
terre qui secouaient la région. Un système de signaux lumineux
et de relais de poste permit d’acheminer rapidement les
nouvelles, les secours et les décisions, tandis que l’adduction
d’eau, l’irrigation, la culture en terrasses et l’évacuation des
eaux usées firent de grands progrès. L’usage du savon, produit
en masse à Béroé en Syrie, améliora l’hygiène, diminua la
mortalité infantile et augmenta la longévité. Plusieurs
personnalités intellectuelles de cette période sont nées en
Anatolie : le géographe Strabon d'Amasée, l’écrivain Lucien de
Samosate, le philosophe Dion de Pruse de Bithynie, le médecin
Claude Galien de Pergame, et les historiens Memnon d'Héraclée et
Dion Cassius de Nicée.
La paix fut troublée par un nouvel ennemi attiré par la
prospérité des provinces : les Goths, installés vers le milieu
du iiie siècle à l’ouest et au nord de la Mer Noire (Wisigoths
dans les actuelles Roumanie et Moldavie, Ostrogoths dans
l’actuelle Ukraine). Leurs premières tentatives d’incursion vers
l’Europe centrale et l’Italie à travers les Balkans ayant été
stoppées par les Romains, les Goths se rabattirent sur
l’Anatolie en utilisant les navires capturés sur le Danube (flotte
nommée classis) et autour du « Bosphore cimmérien », grâce
auxquels ils traversèrent la Mer Noire en 256 pour piller la
métropole côtière de Trébizonde et le Pont dont les habitants
s’enfuirent vers l’intérieur des terres. Les navires capturés
dans le Pont permirent aux Goths une seconde invasion, cette
fois en Bithynie, tant sur la côte que loin vers l’intérieur.
Les Goths mirent à sac Chalcédoine, Nicomédie, Pruse, Apamée,
Cios et Nicée. Seules les tempêtes automnales les empêchèrent
d’étendre leurs ravages ailleurs. Les Goths lancèrent l’été
suivant une troisième attaque, ne prenant pas le risque
d’attaquer Byzance ni Gallipoli, mais passant les détroits sans
encombre pour ravager non seulement la côte égéenne de
l’Anatolie, détruisant le temple de Diane à Éphèse et de
saccager la ville elle-même en 263 avant de piller la Grèce et
l’Italie du sud. Les Romains finirent par les repousser sous
l’empereur Valérien.
Sous la Tétrarchie, entre 293 et 305, les préfectures d'Asie,
Pont et Syrie (avec la Cilicie) firent partie des territoires
gouvernés personnellement par Dioclétien Auguste qui établit sa
capitale à Nicomédie.
En 359, l'Anatolie orientale connut une brève invasion des
Perses sassanides, marquée par le siège d'Amida (en) (Diyarbakır),
mais le reste de la région fut peu touché.
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L'étendue et l'instabilité persistante de l'Empire romain le
rendaient de plus en plus difficile à contrôler en entier.
L'empereur Constantin Ier, lors de son accession au trône en
330, décida de fonder une nouvelle capitale, située dans la
vieille ville de Byzance, connue plus tard sous le nom de
Constantinople (« ville de Constantin »).
Renforcée et améliorée par l'empereur, dotée de consuls et d'un
sénat, elle acquit un statut de « seconde Rome » afin d'assurer
une meilleure défense de toute la région. La conversion de
Constantin au christianisme fit de Constantinople et de
l'Anatolie un centre vital de l'Église chrétienne. Tous les
premiers conciles œcuméniques se tinrent dans cette région de
l'Empire. Cette orientation ne fut pas remise en cause
par ses successeurs, hormis une brève tentative de retour au
paganisme sous Julien (361-363).
En 395, l'Empire romain fut officiellement divisé en deux entre
les fils de Théodose Ier : l'Orient, relativement épargné par
les invasions barbares, devint la partie la mieux préservée.
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L'empereur Justinien stabilisa les frontières orientales de
l'Empire en acceptant de payer un tribut aux Perses sassanides
après la bataille de Callinicum en 531 et réussit à reconquérir
en partie l'Empire d'Occident, en chassant les Ostrogoths
d'Italie et les Vandales d'Afrique du Nord. Sous
l'empereur Héraclius (de 610 à 641), l'Anatolie fut organisée en
themata (thèmes) permettant une défense en profondeur.
Elle resta cependant exposée aux menaces de l'Empire perse puis
du califat arabe et enfin aux invasions turques.
Les églises monolithes de Cappadoce comptent
parmi les principaux vestiges de la période byzantine en
Anatolie.
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Les quatre croisades qui traversèrent l'Empire byzantin entre
1096 et 1204, après le désastre infligé par les Turcs
Seldjoukides à la bataille de Manzikert en 1071, contribuèrent à
une dislocation de son pouvoir. Les Turcs fondèrent le sultanat
de Roum (1077-1307) en Anatolie centrale et les croisés, après
la prise de Constantinople en 1204, occupèrent ses provinces
européennes. L'Empire de Nicée, sous les dynasties grecques des
Lascaris puis des Paléologue, parvint à préserver une
souveraineté byzantine sur une partie du nord-ouest de
l'Anatolie et à reprendre Constantinople en 1261, tandis qu'un
royaume arménien allié des croisés, la Petite Arménie, restait
indépendant au sud-est jusqu'en 1375, et qu'un autre État grec,
l'Empire de Trébizonde, se maintenait au nord-est jusqu'en 1461.
La citadelle de Smyrne, dernière place
chrétienne dans l'Ouest anatolien, fut prise par Tamerlan en
1402.
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La conquête de l'Anatolie par les peuples turcs
et la montée en puissance de l'Empire seldjoukide commence au
xie siècle à partir de la bataille de Manzikert en 107132.
Diverses influences se font dès lors sentir en Anatolie :
celles des autochtones byzantins bien sûr, dont les Turcs
héritent l'architecture, les thermes (désormais appelés bains
turcs), les savoirs, la cuisine, la musique, mais aussi celles
des Turcomans, des Perses et des Mongols. Le réseau urbain est
renforcé par la construction de caravansérails et autres
édifices seldjoukides (en).
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La période des beylicats ou des principautés
d'Anatolie33, se divise en deux périodes :
la première période se situe au xie siècle
lorsque de petits émirats turcs dirigés par un bey s’installent,
jusqu’à la domination de la région par le sultanat seldjoukide
de Roum. On connaît très peu de choses du xiie siècle dans cette
région. L’Est de l’Asie Mineure était effectivement divisé en
deux principautés, Erzincan et Erzurum, qui étaient dirigées par
les dynasties des Danichmendides, des Houlagides et des
Saltukides34. En 1260, les Mongols ont détenu la réalité du
pouvoir sur l'Anatolie35. Les Baïdju ont supplanté les
Seldjoukides en 1243 et sous les ordres d’Houlagou Khan, ils se
sont déplacés vers le centre de l'Anatolie avec leurs guerriers
en 1256 ;
la seconde période débute pendant la deuxième
moitié du xiiie siècle lors du déclin du sultanat de Roum : les
beylicats les plus puissants résistent jusqu’à la fin du xve
siècle puis sont intégrés à l’Empire ottoman.
Le dernier gouverneur mongol de Roum fut
Eretnides, un officier d’origine ouïghoure, en 1323-1335.
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La puissance montante des Ottomans en Anatolie à
partir de Bursa, leur première capitale, se heurta d’abord à
l’Empire mongol des Ilkhans et à la dynastie turque rivale des
Karamanides. Leur expansion fut un moment interrompue par
l’invasion de Tamerlan qui écrasa le sultan Bayezid Ier en 1402
à la bataille d'Ankara. Puis elle reprit sous les successeurs de
Bayezid et connut un épilogue avec la prise de Constantinople
(l’actuelle Istanbul) en 1453. L’Empire grec de Trébizonde tomba
en 1461 et Sélim Ier, sultan ottoman de 1512 à 1520, acheva la
conquête de l’Est anatolien sur les Safavides et les Mamelouks.
De 1519 à 1659, l’Anatolie connut à plusieurs reprises des
soulèvements populaires aux causes multiples, connues comme
révoltes des Celali, dues au mécontentement des milices
provinciales (celalî), à la persécution des Alévis, courant
religieux proche du chiisme, et au particularisme des tribus
turkmènes. Ces révoltes sociales ne visaient cependant pas à
renverser le pouvoir central : la domination ottomane en
Anatolie ne fut pratiquement pas remise en cause jusqu’à
l’expansion de l’Empire russe au xixe siècle.
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L’Empire ottoman mit en place sa propre structure administrative
qu’il remania à plusieurs reprises. La mise en place de
l’administration se déroula en deux phases :
la première, liée à la construction de l’Empire et à sa montée
en puissance ;
la seconde, due aux vastes réformes administratives de 1864,
allant jusqu’à la dissolution de l’Empire en 1922.
La modernisation de l’Anatolie commença
tardivement. Le port de Smyrne, principal débouché vers les pays
occidentaux, ne reçut un aménagement moderne qu'en 1870, et le
chemin de fer transanatolien était à peine achevé au début de la
Première Guerre mondiale.
Les habitants de l'Empire pouvaient conserver leurs croyances
religieuses, allant du judaïsme, au christianisme et à islam,
mais comme les non-musulmans devaient payer un impôt
supplémentaire, le haraç, et subir l’enlèvement des garçons pour
le corps des janissaires, la majorité de la population
anatolienne passa progressivement à l’islam et à la langue
turque. Par ailleurs, beaucoup de Juifs séfarades immigrèrent
d’Espagne et du Portugal, après l’expulsion des Juifs et des
musulmans durant la Reconquista espagnole en 1492. Ils
absorbèrent la majorité des Juifs byzantins locaux, tandis
qu’une minorité préféra se convertir à l’islam : ce sont les
Avdétis.
L’Anatolie resta multi-ethnique jusqu’au début du xxe siècle (voir
Déclin et chute de l'Empire ottoman) avec des origines turques,
arméniennes, kurdes, grecques, et même françaises et italiennes
(venus en particulier de Gênes et de Venise). Ils vivaient sous
le régime des milliyets (pour les sujets du sultan ottoman) et
des capitulations (pour les Occidentaux).
À l’époque du recul territorial de l’Empire, de nombreux
réfugiés musulmans venus des Balkans ou du Caucase, les muhacir
(en), s’établirent en Anatolie et à Constantinople. Entre le
quart et le tiers des habitants de la Turquie actuelle seraient
leurs descendants.
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Découvrez la Turquie, Anatolie, Turquie Musées, Les Villes,
Culture (transanatolie.com)
Turquie de Ataturk - İbrahim Çamkerten (transanatolie.com)
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Les débuts officiels de la République de Turquie datent du 29
octobre 1923, le fondateur et premier dirigeant étant Mustafa
Kemal Atatürk.
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